HISTOIRE -
Depuis petit, c'était quelqu'un de différent, fasciné par tout ce qui se rapportait à la mort, allant jusqu'à tordre le cou d'un oiseau à l'âge de 5 ans, juste pour voir. À cet âge là, il n'avait pas encore conscience de choses aussi complexes que la vie et la mort, mais quelque chose en lui d'inexplicable, le poussait déjà à explorer les pans malsain de sa psyché.
Particulièrement éveillé dès le plus jeune âge, il grandit en cachant cet aspect de sa personnalité, se doutant qu'il y avait quelque chose d'étrange chez lui, à en juger ceux qui l'entouraient en tout cas, ils n'avaient clairement pas l'air d'avoir les mêmes pensées que lui. Toutefois, cela ne l'empêchait pas de laisser libre cours à ses pulsions lorsqu'il se retrouvait enfin seul, s'adonnant à toutes sortes de pratiques morbides sur les animaux domestiques du village.

Une fois adulte, il avait finit par glorifier la mort, la considérant comme une bénédiction, quelque chose de pure. C'était simple, voyant à quel point les animaux devenaient calmes après avoir trouvés la mort, il se disait qu'il y avait un monde après cela, un endroit si apaisant qu'on ne ressent tout simplement plus rien, seul la paix demeure. Machinalement, il se voyait comme un saint qui délivrait ces bêtes de leurs angoisses et leurs soucis.
Après avoir conclu cela il décida de ne plus se cacher, se disant que les gens verraient à quel point c'est quelque chose de beau, puis qu'ils changeraient de façon de voir les choses, ils seraient prêt à l'accepter lui comme il était vraiment.

Inutile de dire que ce fut un échec complet. Le discours du jeune homme avait glacé d'effroi son auditoire, mais ce ne fut rien comparé à la terreur dont ils furent prient, lorsqu'il poignarda sa propre mère au cœur pour leur prouver ses dires. La pauvre veuve baignait dans son sang tandis que son fils assassin lui caressait le visage en souriant, heureux d’avoir libéré sa génitrice de ce chagrin qui la rongeait depuis le décès de son mari.

Comprenant très vite que contrairement à ses attentes, personne n'avait adhéré à ses idées, il se mit à courir pour fuir ses assaillants qui s'étaient armés de leurs outils pour châtier l'immonde erreur de la nature qu'il était à leurs yeux. Une fois acculé, les villageois se mirent à lapider le monstre, tandis que d'autres attaquaient sa chaire avec des lames ou des surins.
Envahit par la rage et la souffrance, un déclic eut lieu dans l'esprit de notre protagoniste, qui laissa parler sa colère dans une fureur rare dont lui même n'avait pas connaissance. La force qu'il déploya ce jour là était incompréhensible et inattendue, toujours est-il qu'à mains nus et à lui seul, il tua l'ensemble des habitants de son village, allant jusqu'à prendre la vie des femmes et des enfants, aveuglé par la frénésie furieuse qui avait prit le contrôle de son cerveau et de son corps.

Lorsqu'il reprit connaissance il faisait nuit, le jeune homme se trouvait au milieu d'une marre de sang, entouré d'une multitude de cadavres encore chauds. Il ne comprenait pas ce qu'il se passait, n'ayant aucun souvenir de sa folie ni de la violence hors norme dont il avait été l'acteur, mais fut rassuré en voyant tous les villageois calmes et apaisés, se disant qu'il les avaient sûrement aidés à rejoindre ce monde de paix de l'autre côté.
Soudain, tandis qu'il observait toujours autour de lui, son regard se posa sur une silhouette féminine, debout à quelques mètres de lui, habillée d'un kimono blanc dont le bas se teintait de rouge au fur et à mesure qu'elle s'avançait vers le meurtrier.

Tenant un éventail devant elle, la geisha le baissa pour présenter son visage au jeune homme lorsqu'elle arriva près de lui. Tout d'abord subjugué par sa beauté, il en perdit ensuite la voix quand il voulut lui parler, hypnotisé par ses yeux scintillants et la pâleur de sa peau, se mariant magnifiquement au blanc éclatant de sa chevelure, C'est donc elle qui prit la parole, le félicitant pour ce carnage et applaudissant même la sauvagerie dont il avait fait preuve. C'était enfin arrivé, quelqu'un comprenait, il était si heureux qu'il ne put s'empêcher de pleurer sa joie à chaudes larmes.
Elle lui expliqua qu'elle était un démon, qu'elle avait été attirée par l'odeur du sang qui l'avait conduit jusqu'à ce village. Le pauvre mortel ne comprenait pas tout, mais il prit la main de cette créature lorsqu'elle lui tendit, ne pouvant s'empêcher de suivre celle qui avait reconnu la valeur de sa pensée.

Ce fut cette nuit que Kurushimi n'acquit en tant que démon, rejoignant le monde de la nuit et du sang dans lequel il pouvait enfin être lui même. Voyageant avec celle qui deviendra son âme sœur, qui de son côté avait été séduite par sa force, il découvrira les secrets et l'histoire de l'espèce dont il faisait désormais partit et qu'il apprit à chérir. Tout se passait bien dans le meilleur des mondes, du moins jusqu'à ce que sa bien aimée ne soit décapitée par l'un de ceux qu'on appelle les piliers, ces pourfendeurs de démons aux capacités surhumaines. Il fut le premier pourfendeur qu'il tua pour venger sa chère et tendre, refoulant dès lors le droit à la vie des humains.


Les siècles passèrent, la puissance de notre démon grandissait sans cesse au fur et à mesure qu'il dévorait de la chair humaine. La haine qu'il éprouvait envers les hommes s'estompait petit à petit, se transformant simplement en de l'arrogance. Plus il vieillissait, moins il se souvenait de pourquoi il leur en voulait autant, tout ce qui restait c'était l'évidence d'une supériorité incontestable. Le souvenir de sa bien aimée s'effaçant de son cœur mort après tant d'années, il ne restait plus en lui qu'un semblant de peine inexpliqué. Effet du temps ou oublie inconscient pour ne plus souffrir, cette partie de sa vie disparut progressivement dans les limbes de son esprit embrumé, seul restait un être devenu froid et inflexible.

Le plaisir laissa place à l’ennui et la passion se muât en indifférence. L’âme de la créature ne pouvait plus être stimulé autrement que par les combats, qu’elle appréciait de plus en plus au fur et à mesure que sa joie de vivre disparaissait. Même le goût de la chaire humaine n’était plus si appréciable, ne se nourrissant plus que par besoin, en dehors du met de choix que représentait les piliers pour son palais. Au cour de sa longue existence, Kurushimi en avait vaincu plusieurs, certains sans grande difficulté et d’autres au péril de sa vie.
Par ce fait, sa réputation prit une certaine ampleur et parcourut les pleines du Japon pour arriver aux oreilles d’un ordre prestigieux, le Chitsujo. Recruté par un Conseiller venu à sa rencontre alors qu’il dégustait un disciple de l’école du soleil, notre démon débuta en tant que Fantassin.
Son intégration au sein de l’ordre fut particulière, puisqu’il ne fit qu’une bouchée de son adversaire lors du duel de sang, impressionnant ses supérieurs par cet exploit, démontrant qu’il y avait un gouffre entre lui et son opposant. Cependant, Kurushimi avait développé un certain ego avec les siècles, ne pouvant se résoudre à être autre part qu’au sommet de la pyramide. Allant droit au but, il défia directement l’un des Conseiller pour prendre sa place, celui dont la tête lui revenait le moins. Sous estimant ce nouveau venu arrogant et désireux de le remettre à sa place, le conseil accepta sa requête.

S’en suivit un affrontement d’une violence sans nom, mais le conseiller avait clairement l’avantage, faisait usage de pouvoirs surprenant. Toutefois, notre protagoniste leur avait caché qu’il en possédait aussi, dissimulant jusque là son réel potentiel, attendant que le malheureux se jette sur lui pour en finir. C’est là qu’il attrapa son visage entre ses mains, pour enfin réduire sa tête à l’état de poussière sous les regards ahuris de l’assemblée. Au cour de son existence, Kurushimi s’était nourrit de bon nombre d’humains, mais surtout, de plusieurs pourfendeurs tous aussi redoutables les uns que les autres. Cela lui avait non seulement permît de retrouver l’appétit, mais également de gagner une grande puissance.

Ne croyant pas un seul instant à la possibilité de sa victoire, ils lui avaient accordés cette opportunité, faisant ainsi de lui l’un des Conseiller de l’ordre. Certains saluèrent son audace et sa perfidie, d’autre se mirent à le détester, mais il y avait un point sur lequel ils étaient tous d’accord, Kurushimi était de ceux qu’il fallait craindre, aussi bien pour sa force que pour sa ruse.
Par la suite il se révéla être tout de même sérieusement impliqué dans les affaires et l’avenir du Chitsujo, poussant de plus en plus de membres à le respecter pour autre chose que la peur de mourir. Conseiller intraitable mais juste, tout ce qu’il demandait c’était la loyauté et la droiture.
De son côté, notre démon n’était pas un enfant de cœur pour autant et ne croyait pas au fait qu’ils étaient tous soudés envers et contre tous. Son étude de l’histoire des démons lui avait montré le fragile équilibre de ce monde et de ses habitants.
Au final, toutes ses expériences de vie et tout ce qu’il avait apprit, firent de lui un être méfiant et dénué d’émotions.