by the grace of god • FT. Kurushimi

Proche de Yashima, il y avait un temple où une célébration religieuse devait se jouer. Il y allait avoir du monde, bien suffisamment pour amuser le Byakuren. Le lieu de culte était en hauteur, reculé dans les montagnes et malgré sa proximité avec la ville, il en restait suffisamment éloigné. Dans ce magnifique temple, l'air était pur et comme prévu, il y avait du monde. Il n'y avait rien à redire, les lieux étaient splendides et grouillaient de vie. Particulièrement, depuis que Lin venait d'y poser les pieds. Jamais encore, il n'y avait eu tant d'animation ici et c'était grâce à lui ! 

Le Byakuren prit une grande inspiration, emplissant ses poumons d'air. Un large sourire trahissait toute la satisfaction qu'il éprouvait. Les effluves de sang caressaient ses narines et, dans cette cacophonie, les déchirants hurlements de villageois se mariait à merveille avec la voix de Lin. Parce que le démon chantait sa joie dans sa langue natale, il chantait à la gloire de Fuhen. Quelques jours avant le massacre, il avait passé la journée à écrire le texte de ce chant religieux et il y avait mis toute son âme. Ce qu'il se passait autour de lui, Lin ne le voyait pas. Ses yeux étaient fermés, se focalisant ainsi sur ses autres sens. Cela lui permettait de profiter pleinement de toutes les subtilités provoquées par son carnage. 

Peu avant, lorsque le démon pénétra en lieu saint en franchissant les portes du temple, il s'était promené sans son cache œil, usant ainsi de son pouvoir pour semer la terreur. Les civils étaient plus que de jouets. Leur soumission totale, leur dévotion, mais également leur détresse... 

Tout cela n'était qu'un jeu foutrement hilarant ! Le Byakuren leur avait ordonné de s'entre-tuer, mais était également l'auteur d'actes complètement abjects, immoraux et obscènes. Pourtant, il s'était à peine sali les mains, ne tuant que les proies qu'il jugeait plaisante à regarder. Pour autant, cela ne signifiait pas qu'il ne s'était pas fait plaisir en utilisant Hypnosis. Sur ce coup, il s'était déchaîné ! Certains humains s'étaient fait dépecer vivants afin que les autres puissent se servir de leur peau comme de vulgaire manteau. D'autres encore avaient été empalés ou décapité. Évidemment, les têtes avaient été accrochées à certains endroits du temple afin de sublimer les lieux ! Le Byakuren ne gâchait rien, au fur et à mesure des cadavres s'accumulant, leurs corps servaient. Lin brisait leurs os afin de les placer dans de dérangeantes positions, lorsqu'il n'en donnait pas l'ordre à ses proies. 

Ça le faisait beaucoup rire ! En parlant de ça... Le plus drôle s'était déroulé lorsqu'il avait eu la merveilleuse idée de revêtir un squelette d'une peau fraîchement dépecée. Malheureusement, il n'y avait pas de cadavres morts depuis suffisamment longtemps. Alors, Lin avait ordonné à ses sujets de dévorer un homme jusqu'aux os et il put revêtir son squelette de peau humaine. Il en avait sauté de joie ! Le Byakuren était comblé, la joie et l'exaltation lui seraient le cœur. Cette nuit-là, il n'y eut aucun survivant et le jour le piégea entre les murs du temple. Le démon profita de la venue des premières lueurs de l'aube pour s'endormir dans cet exquis décor. De toute la journée, personne ne le dérangea. Il était perché en hauteur afin de ne pas baigner dans le sang des religieux. 

Sa place était confortable, un mince sourire s'était greffé à ses lèvres. Le soleil commençait à se coucher lorsque Lin se réveilla. La faim lui tiraillait le ventre, lui qui ne s'était guère nourri d'aucunes de ses victimes, ayant préféré user de leurs corps différemment. Il franchit les portes du temple, le soleil n'était plus qu'un halo lumineux couché sur l'horizon. La forêt entourant le temple était déjà baignée d'obscurité. C'était magnifique ! Il récolta du bois, alluma un feu, le couvrit d'une grille et préleva des organes ainsi que des lamelles de chairs sur les cadavres. Lorsqu'il ne resta que des braises, il y déposa sa viande. Quelques secondes s'écoulèrent et lorsqu'il la jugea parfaite, il s'en nourrit. Ensuite, le Byakuren retourna au temple, sautant sur un drap accroché en hauteur par les quatre coins. Il l'utilisait tel un hamac, cela lui permettait de ne pas se salir. Il avait également accroché sa cape et son haut à un os faisant office de porte-manteau, se suffisant de son pantalon rayé comme tenue.

Lin était immaculé, une tâche blanche dans ce tragique décor où des litres de sang maculaient le sol et les murs. Ici, reculé dans ces montagnes, il se sentait profondément bien. Il se sentait en sécurité, loin de tout tracas. Peut-être pourrait-il s'autoriser une nuit supplémentaire ? Il n'y voyait nul mal. Il avait pris le soin de ne laisser aucun survivant ! Il était parfaitement impossible que son carnage se soit déjà ébruité. Alors, l'esprit tranquille et le cœur lège, il se blottit dans son lit de fortune, s'endormant sans mal. Les craillements de corneilles brisèrent le calme des lieux et l'odeur d'un autre démon commença à se faire sentir. Ces deux éléments suffirent à extirper le Byakuren de son sommeil. Malgré la possibilité d'un danger imminent, Lin avait du mal à quitter les bras de Morphée. Il s'étira tout en laissant échapper un interminable bâillement. En se redressant, le cul toujours posé sur son hamac et les jambes croisées, il entendit un grincement. Les portes du temple s'ouvrirent et une silhouette se dessina sous les lueurs cristallines de la nuit. Si cet étranger était venu chasser, attiré par l'intense odeur du sang, il risquait d'être déçu ! À cette pensée, un léger sourire narquois se dessina sur ses lèvres.


Ce lieu saint avait été béni par la grâce de Dieu. 
Lin n'était que les griffes de son seul et unique seigneur en ce monde, Fuhen. Un dieu qui ne pouvait tolérer les blasphèmes d'hérétiques. Grâce à Lin, ces pécheurs pouvaient dorénavant espérer l'absolution. Parmi ces nombreux cadavres affreusement mutilés, tous étaient mis en scène dans des postures rappelant celle de mannequins désarticulés. Lin y avait mis du cœur, insufflant son âme d'artiste en ce lieu de culte. Il était au paradis... ou plutôt avait-il amené le paradis en ce magnifique temple ! Formulé ainsi, cela sonnait plus juste, touchant du doigt la vérité. 

La quantité de viande qu'il avait dévorée était ridicule comparée au nombre de morts, mais il ne voyait nul gâchis en ces actes. Dans ce sinistre carnage, il n'y avait là que l'expression du pardon. Maintenant que les shintoïstes étaient morts, dans son infini amour, Lin avait pût les pardonner de leurs croyances abjectes. L'artiste démon se replongea dans les souvenirs de sa nuit passée, réveillant de puissants frissons qui firent frémir sa peau. Plongé dans cette douce ivresse, il laissa le démon s'approcher davantage. Lin ne lui adressait même pas un regard, il avait les yeux fermés, la tête levée vers le haut plafond du temple. Les effluves ferrés du sang emplissaient ses poumons. Assis en tailleur, perché en hauteur, il était comme semi-conscient. 

Finalement, il ouvrit lentement les yeux et s'adressa au nouvel arrivant. « Je te prie d'excuser ma tenue, je ne pensais pas avoir de la visite. » Le corps du Byakuren était perturbant, il était maigre à en avoir les côtes dessinées et la colonne vertébrale marquée. Le peu de graisse qu'il avait faisait ressortir les muscles de son corps, des muscles tout de même développés. C'était comme s'il avait traîné un corps d'athlète qui, avec les siècles passés, s'était débarrassé de sa graisse superflue. Il ne portait pas son cache œil, s'étant endormi sans. De ce fait, il surveillait les mots qu'il employait, lui qui n'avait nul contrôle de son pouvoir. Il se pencha de son lit, attrapa ses vêtements et se rhabilla sur son perchoir. 

By the Grace Of God

Attirant l'attention par sa carrure, inspirant le respect par sa prestance et la noblesse de l'étoffe du kimono qu'il portait, l'immortel arpentait une rue piétonne bondée. Parcourut dans toute sa longueur par des échoppes en tout genre et des restaurants, cette avenue demeurait le point névralgique de l'activité lorsque le soleil venait à se coucher. Les crieurs s'efforçaient de rameuter des clients, des geishas en faisaient tout autant près des maisons auxquelles elles appartenaient, des comédiens laissaient leur art s'exprimer et des mendiants tentaient tant bien que mal de se faire offrir un peu de monnaie pour subsister.

Au milieu de tout ça le démon avançait sans mal, provoquant simplement l'éloignement de tous ces individus sur son passage, comme si l'aura qui émanait de sa personne leur intimait l'ordre de lui céder le passage sans qu'ils n'y trouvent à redire. Ce phénomène était loin d'être de son fait, le charisme intimidant dont il était doté agissait par lui même, car que ces insectes s'écartent ou non, il avancerait de la même manière, alors il valait mieux pour eux que ça n'arrive pas. Toutefois il y en avait parfois un, avec assez d'assurance pour ne pas être affecté par cet aura écrasante, ou plutôt trois dans ce cas de figure.
Ces ivrognes avaient depuis plusieurs heures laissés leur lucidité au fond d'une coupe de saké, arpentant la rue comme des sauvages en importunant les passants, surtout les damoiselles. Alors qu'ils étaient occupés à séduire, ou plutôt harceler une pauvre geisha, l'un des trois soûlards se fit bousculer et tomba en avant, son visage rougit allant s'enfoncer dans le crottin d'une monture qui venait de se soulager.

C'est en se relevant avec l'aide de ses acolytes et la face couverte de matière brune, que le malchanceux finit par hurler sa colère et sa honte, se retournant pour confronter celui qui avait eut l'outrecuidance de le ridiculiser à ce point. Identifiant le responsable qui semblait continuer son chemin comme si de rien était, le cuitard ne put supporter une telle humiliation.
Tant de désinvolture de la part de cet homme, certainement un noble au vu de la qualité de son kimono, une raison de plus pour accroître le ressentiment du pochtron, qui se révélait être un roturier haïssant les bourgeois à cause du traitement qu'il subissait de la part de la famille pour laquelle il travaillait, c'était sûrement une des raisons qu'il tentait de noyer dans l'alcool une fois sa journée de travail terminée.

Encouragé par ses comparses tout aussi éméchés, le soûlard interpella notre protagoniste en lui criant de s'arrêter, rajoutant quelques insultes au passage histoire de cracher sa haine pour se sentir mieux. Malheureusement, l'intéressé n'accorda aucune attention à cet ivrogne, continuant de s'éloigner dans la plus parfaite indifférence, poussant ainsi celui qui tentait de l'interpeler, à courir dans sa direction pour lui apprendre les bonnes manières.
À l'instant même où la main du poivrot se posa sur l'épaule nu de Kurushimi, l'atmosphère changea du tout au tout, devenant lourde et lugubre, à tel point qu'un sentiment d'oppression sinistre infiltra le cœur de toutes les personnes se trouvant autour de lui. Frappés par le même fléau que la foule environnante, les trois acolytes se figèrent d'effroi, tout particulièrement celui à l'origine de cette colère sourde. Lorsque les yeux du démon qui s'était enfin arrêté, se tournèrent enfin vers lui dans un silence inquiétant, l'énergumène se sentit comme écrasé sous l'immensité d'un océan de terreur aux limites insondables. C'était comme si le regard de cet homme abritait les ténèbres elles mêmes, comme si derrière les traits de ce visage pâle et inexpressif, était tapis une bête à la férocité sans limite. Sa poitrine serré et son corps tétanisé, le pochtron était prit d'une sensation de mort imminente inexplicable, qui avait envahit la moindre parcelle de son être.

- Retire ta main..Déchet..

En effet, paralysé par la peur, le cuitard avait oublié que sa main était posée sur l'épaule du Conseiller, la retirant aussitôt en se mettant machinalement au garde à vous, bras le long du corps et droit comme "i", son regard dirigé vers le ciel dans le but d'échapper à celui de cet homme, comme s'il envoyait des prières vers ses divinités en espérant survivre à cet instant.
Contre toute attente le démon reprit sa marche, ayant obtenu ce pourquoi il avait daigné s'arrêter, que cet insecte répugnant retire sa main crasseuse. Tandis qu'il s'éloignait en ignorant les regards baissés, l'atmosphère retrouva son état normal et le cœur des passants fut libéré de leur angoisse. Aucun d'eux ne put s'expliquer ce qu'il venait de se passer, leur corps ayant agit indépendamment de leur volonté, comme s'il avait cherchait à les préserver d'un danger. Autant vous dire que quant à lui, le responsable de cette scène tomba à genoux une fois que tout cela fut terminé. Il était prit d'un tel soulagement qu'il eut l'impression de sentir le sol se dérober sous ses pieds, incapable de retenir un torrent de larme ruisselant sur ses joues, l'âme reconnaissante d'avoir survécu à pareil instant.

Si notre protagoniste n'avait pas perdu plus de temps que cela avec ce pauvre homme, c'est qu'il était préoccupé par quelque chose d'autre. Un peu plus tôt dans la soirée, il avait croisé le chemin de quelques individus à la recherche de leur frère, leur sœur, leur conjoint ou encore leurs parents. L'ouïe fine, il écouta les paroles de ces gens pendant qu'ils interrogeaient les passants, jusqu'à ce qu'un détail récurent attise sa curiosité. Les proches de ces personnes s'étaient tous rendus à un regroupement religieux, dans le temple qui se trouvait dans les montagnes proches de la ville, et aucun d'eux n'était rentré depuis le soir dernier.
Après avoir eut cette information, Kurushimi eut une rapide réflexion, celle qu'il était le seul membre du Chitsujo actuellement dans cette zone. En conclusion, l'individu responsable de ces disparitions ne pouvait appartenir qu'à un de ces clans de réfractaires qui avaient vu le jour dans leur précieuse contrée. Cependant, à chaque fois que l'ordre avait une piste, elle se révélait infructueuse une grande partie du temps, puisque ces irréductibles opposants demeuraient maîtres de la dissimulation et de la disparition. Il y avait peu de chance que le Conseiller trouve l'un d'eux en se rendant à ce temple, mais ce n'était pas comme s'il était affreusement occupé à ce moment là, au moins ce serait une activité qui tuerait le temps pensât-il.

C'est pourquoi il fut surprit de sentir l'odeur d'un démon en arrivant aux abords du temple en question quelques minutes plus tard. Malgré l'émanation conséquente de l'odeur de sang, il distinguait clairement la fragrance d'un de ses congénères, se démarquant parfaitement du fumet humain. Lorsqu'il pénétra la bâtisse, une scène macabre se présenta à lui, les corps étaient violentés de toutes sorts de manières originales. De certains, il ne restait plus que leur squelette, disposés un peu partout à l'intérieur tels des mannequins désarticulés ayant endossés leur peau ou celle d'un autre en guise de drapé. Le restant des os avaient étés éparpillés aux murs et au plafond, eux mêmes recouverts en grande partie du sang des victimes.
Au centre de ce carnage, se trouvait un tissus blanc suspendu par ses quatre coins, surplombant la scène en soutenant le poids de celui que Kurushimi avait sentit en s'approchant des lieux. La créature avait l'air d'être insouciante au vu de son comportement, prenant le temps de s'étirer alors que le Conseiller s'approchait d'un pas détendu, le manche de son parapluie contre sa clavicule et l'ombrelle cachant son visage. Même un tel tableau morbide ne put faire apparaître la moindre réaction sur le visage neutre de notre protagoniste, qui ne voyait en cela qu'un gâchis ridicule de la part de celui qui s'excusait pour sa tenue. Redressant que légèrement la tête pour faire mine de s'adresser à lui, ne dévoilant ainsi que le bas de son visage tatoué sous son parapluie noir, Kurushimi démontrait par ce comportement dédaigneux, que ce n'était pas lui de mettre son regard à la hauteur de son interlocuteur, le jugeant comme un simple déchet, en premier lieu pour son manque de discipline.

- Qui es-tu..? Lâchât-il d'une voix grave et lointaine.

by the grace of god • FT. Kurushimi

Lin laissa son regard se perdre sur l'étranger, le haut de son visage était dissimulé par l'ombrelle qu'il portait. Sa peau était parsemée de tatouages, et il fallait l'avouer cela lui allait à ravir. Son kimono était débraillé, laissant une grande partie de son torse visible. Avec ce genre de corpulence, il n'était pas compliqué de deviner que le Byakuren avait affaire à un combattant. Il semblait également plus grand, mais pas de beaucoup. Pourtant, Lin n'était guère impressionné. Il lui en fallait bien plus pour l'effrayer, principalement parce que le Byakuren restait, malgré les années, insouciant. Trop sociable pour envisager que le démon lui faisant face n'était peut-être pas là pour une visite de courtoisie. 

Cela se dégageait par son attitude dédaigneuse et froide. Nulle sympathie n'émanait de lui, contrairement à Lin qui, lui, était solaire. Le démon blanc n'avait pas besoin de jouer la comédie ou de marquer ses paroles d'une certaine intonation pour propager sa lumière. Chez lui, elle était naturelle, lui collant à la peau. La béatitude provoquée par son massacre y était pour beaucoup, parce qu'il fallait l'avouer, son pouvoir lui permettait toujours d'innover dans ses vices. À chaque fois, il pouvait se réinventer, se transcender. Aucun de ses châtiments ne se ressemblait, l'inventivité et l'imagination du Byakuren ne se tarissait jamais. Lin se mit à se balancer, toujours perché en tailleur sur son linge qui faisait maintenant office de balançoire au démon joueur. « Qui es-tu..? » Si proche et pourtant, si lointaine. Sa voix était grave, révélant tout l'ennuyant sérieux habitant cet être à la tenue dépravée. Ce qui n'était pas forcément pour déplaire au Byakuren qui, avec son âme d'artiste, recherchait le beau en toute forme et en toute vie existante. 

« Lin Feuerbach. Je ne suis qu'un artiste errant et un fervent disciple de l'Éternel, notre seul Dieu en ce monde, Fuhen. » La froideur qui se dégageait du démon était parfaitement haïssable, mais pas suffisante pour briser le bonheur du Byakuren. Il le pardonnait parce qu'il aimait ce qu'il avait sous les yeux. Contrairement à l'oni qu'il avait affronté avec Rensei, ce démon n'était guère une insulte à leur espèce. Du moins, concernant son apparence. Du peu qu'il en avait vu, seul son corps était plaisant et c'était bien dommage ! 

« Grâce à mon art, je propage sa voie et ses idéaux. Malheureusement pour ces hérétiques, mon Dieu n'est pas qu'amour et miséricorde. En priant d'abjectes divinités, ils ont provoqué sa colère divine et il s'avère que, moi non plus, je ne peux tolérer de tels blasphèmes. C'est tout naturellement que j'ai dû les tuer ! C'était leur seul moyen pour espérer que leurs âmes soient pardonnées et leurs péchés absous. Depuis que j'en ai fait mon affaire, c'est comme si ce temple avait été béni. Par contre, tu n'as pas l'air très heureux, tu ne trouves pas le spectacle plaisant ? Pourtant, j'y ai insufflé tout mon amour ! » Lin agrippa les bords du drap aussi blanc et pur que lui, se penchant vers l'étranger avec un large sourire. Son regard s'illumina à la vue du rosaire décorant le cou du démon japonais. 

Ce qu'il avait sous les yeux était magnifique ! Naturellement, le Byakuren laissa son regard s'attarder sur cet ornement sublime et épatant de précision. Sous le poids du démon blanc, le drap penchait fort. Il était à deux doigts de se casser la gueule, mais Lin n'en bougeait pas. Il avait suffisamment d'équilibre pour ne pas être atteint par ce maigre inconfort, à vrai dire, il ne l'avait même pas remarqué. « Ce que tu as autour du cou a été conçu par tes soins ? Cela vous sied à ravir ! » Avait-il lâché avec son plus beau sourire. 

Lin savait reconnaître les belles choses et cela en était une. Par ce compliment, il essayait également de décoincer le démon. Le son d'un tissu se déchirant se fit entendre et au même moment, Lin descendit de quelques centimètres vers le bas. Son drap n'avait guère encore cédé sous son poids, mais il ne put s'empêcher d'être surpris. Afin de ne prendre aucun risque envers son lieu de confort, il se laissa tomber tête la première, tournoyant de plusieurs cercles dans sa chute. Il atterrit en toute grâce et légèreté après ces quelques pirouettes. La pointe de ses pieds touchant le sol en premier, suivi de ses talons entraînés dans le mouvement. 

Le démon blanc faisait dos au démon, mais il se tourna aussitôt, s'inclinant ensuite comme il en était coutume au Japon. Il avait plongé son regard hypnotisant dans les nombreux yeux du démon étranger. « Maintenant que j'ai été honnête envers toi, peux tu en faire de même ? Dis-moi qui tu es et ce qui t'amènes en ces lieux. » Hypnosis était aussi vicieux que son détenteur. Parce qu'il était subtil, quasiment imperceptible. Nuls adversaires et nulles proies ne se sentaient “ changée ” ou même différentes. Lorsque cela arrivait, c'était bien souvent après un ordre défiant et brisant autant leur morale que leur surmoi. Cependant, pour le moment, Lin n'avait aucune raison de se montrer hostile envers cet inconnu. De ce fait, il surveillait ses paroles pour s'adresser à lui. Trop poli pour déjà le conforter à l'inconfort de son pouvoir. 

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Fuhen, donc il avait vu juste, ce démon faisait partie d'un de ces groupuscules défiants l'autorité du Chitsujo. Cette coïncidence ne pouvait pas mieux tombée pensât le Conseiller, lui qui n'avait put trouver leur repère ou même l'un d'eux lors de son excursion en Saikaido, n'étant tombé que sur une pourfendeuse sur sa route. Le souvenir de leur affrontement provoqua d'ailleurs, un frisson se répandant tout le long de son échine, à la simple pensée de la bestialité dont elle avait fait preuve, ce qui le chagrinait presque qu'ils n'aient pas pu terminer. Toujours est-il qu'à cet instant, il avait trouvé un des mangeurs d'hommes qu'il cherchait, l'écoutant silencieusement s'exprimer dans une long monologue qui devait vraisemblablement justifier le carnage dont il était l'auteur.

Lin Feuerbach, pour ce qui était de l'honnêteté, on ne pouvait que féliciter cet énergumène, ne ressentant apparemment pas le besoin de cacher qui il était, ni son appartenance ou ses opinions. En y repensant, cela avait l'air d'être dût à une certaine insouciance, que le démon tatoué ressentait, le visage toujours caché sous son ombrelle. Cela se traduisait par son ton léger et enjôleur, qu'il ne semblait pas improvisé ou exagéré, c'était tout simplement sa personnalité, du moins c'est ce que ressentait Kurushimi, qui ne releva pas le compliment qui lui était fait au sujet de son rosaire. Décidément, il se comportait presque comme un enfant, démontrant une attitude folâtre qui encore une fois, avait l'air d'être tout à fait naturelle chez lui.

Son tempérament était à l'opposé de l'état apathique du tatoué, qui posa ses yeux sur lui lorsqu'il le rejoignit en bas. Détaché, le Conseiller surplombait l'artiste par sa taille en le toisant nonchalamment, restant muet un bref instant en l'examinant. Maintenant qu'il pouvait poser les yeux sur lui, l'imagerie innocente d'un enfant n'en était que plus parlante, ce qu'il dégageait était tout bonnement infantile, qui plus est, tout ce qu'il y a de plus authentique et spontané. Leur regard se croisa et Lin s'adressa de nouveau à lui, cette fois ci, pour lui demander en retour qui il était et la raison de sa venue, continuant de se taire quelques secondes, pour enfin daigner lui répondre.

- Mon nom est Kurushimi..Conseiller de l'illustre Chitsujo..Cela fait un moment que je vous cherche..toi et tes acolytes..Je ne venais pas ici dans un but précis autre que de mettre la main sur l'un de vous..Mais..maintenant que j'ai été témoin de ton manque de discipline..et d'une effraction à une règle du Chitsujo..Je me demande bien quel genre de haut dignitaire je serais..si je te laissais repartir comme si de rien était..

Il parlait calmement, aucune animosité ne pouvait être décelée dans le ton de sa voix, au contraire de l'atmosphère changeante autour de lui, demeurant plus menaçante et sinistre au fur et à mesure qu'il s'exprimait, contrastant avec l'expression de son visage, toujours aussi lymphatique. Son regard brillant d'un orangé presque flamboyant, se plongeait petit à petit un peu plus dans celui du démon blanc, ne sachant pourquoi il était autant attiré par celui ci.

- Je te laisse le choix..Me suivre sagement pour être jugé..Ou bien te confronter à ma propre sentence par ton refus..

Suite à ces mots, le démon au kimono replia son parapluie, dont il posa le manche contre sa clavicule droite, se mettant à la tapoter à plusieurs reprises, trahissant une certaine impatience. En effet il ne désirait qu'une seule chose, que ce réfractaire refuse pour qu'il puisse laisser libre cours à ses pulsions violentes. Son combat contre Eléonore l'avait laissé sur sa faim, cela faisait bien longtemps qu'une telle résistance ne lui avait pas été opposée, qu'ils n'aient pas eu l'opportunité d'en finir le frustrait grandement. C'est pourquoi son désir d'en découdre avec Lin grandissait de plus en plus, à force que son regard était plongé dans le sien. Sans pouvoir ce l'expliquer, il y ressentait une certaine intensité, un abysse insondable d'énergie renfermant une puissance singulière, pourvu que ce démon enfantin prenne la peine de s'opposer à lui, son potentiel empestait le danger, c'était grisant pour Kurushimi.

by the grace of god • FT. Kurushimi

Le démon blanc se détourna de son interlocuteur, l'œil attiré par un corps jonchant le sol. Lorsqu'il s'approcha, un pressentiment le poussa à plaquer son oreille contre le torse nu de sa proie. Il y avait un pouls, à peine perceptible. Étrange, il ne pensait pas qu'il y aurait un survivant. C'était même un miracle ! Un large sourire se forma sur son visage, l'émerveillement qu'il éprouvait se lisait aisément. Avec tout le bordel qu'il y avait eu en ces lieux, quelques débris de verres parsemaient le sol. Lin, le cul posé sur le ventre du “ survivant, ” - si on pouvait le qualifier ainsi - planta une de ses griffes dans son œil, l'extrayant ensuite. 

Est-ce qu'il était encore conscient ? Il l'espérait de tout cœur. Ainsi, il pouvait voir l'œil que Lin venait de lui voler, éclater sous ses crocs. Ensuite, il balaya les débris de verres, s'en emparant pour les loger dans cette orbite vide. Ainsi, maintenant, il avait un magnifique œil semblable à un diamant ! Une scène qui ne sembla pas déranger l'autre démon, toujours impassible. De toute façon, l'intention n'était pas de choquer, son comportement n'étant dicté que par ses inspirations et, en voyant cette proie couchée proche du verre, il avait été inspiré. 

« Mon nom est Kurushimi..Conseiller de l'illustre Chitsujo..Cela fait un moment que je vous cherche..toi et tes acolytes..Je ne venais pas ici dans un but précis autre que de mettre la main sur l'un de vous..Mais..maintenant que j'ai été témoin de ton manque de discipline..et d'une effraction à une règle du Chitsujo..Je me demande bien quel genre de haut dignitaire je serais..si je te laissais repartir comme si de rien était.. » Et pourtant, c'était bien ce qui allait se passer. Un léger rictus se forma aux coins de ses lèvres, intérieurement, le démon blanc riait déjà. Il le trouvait bien confiant, mais c'était une bonne chose ! La douleur de l'humiliation n'en serait que plus grande. 

Kurushimi, le nom n'était pas sans lui rappeler quelque chose. L'oni qu'il avait combattu aux côtés de Rensei avait clairement cité son nom, c'était à cause de lui que le culte avait été mis en péril ! Une petite flamme venait de s'éveiller dans ses iris, mais Lin la maîtrisait, dissimulant cette colère naissante. Avant de s'expliquer, il se releva de sa proie. « Il n'y a, en mes actes, que ma créativité artistique qui s'exprime. Ne confondez pas avec un manque de discipline. De nous deux, je ne crains que ça soit vous qui en soyez dépourvu. » Avait-il soufflé, lassé d'être pris pour un tueur sanguinaire alors que seule la passion guidait ses actes. 

Son regard ne se posait même plus sur l'autre démon, il le trouvait déjà ennuyeux au possible. Généralement, les membres remplissant les rangs du Chitsujo n'étaient autres que des brutes écervelées, ne sachant s'exprimer qu'avec leurs poings. Ils ne valaient pas mieux que des animaux. Pourtant, pour le moment, Kurushimi ne lui donnait guère cette impression. Combien de temps allait-il tenir ce masque d'impassibilité avant qu'il ne dévoile ses plus bas instincts ?

« J'ai croisé un de tes amis démons, l'oni rouge. S'il n'aurait pas été si hideux et davantage à mon goût, son obsession pour me châtier de mes fautes par le cannibalisme, m'aurait presque été appréciable ! Cela dit, c'était quand même bien particulier comme méthode d'exécution venant d'un gardien du Chitsujo, moi qui pensais que c'était prohibé chez vous... » Venait-il de lâcher avec naturel, le regard s'étant dirigé sur des corps empalés à plusieurs mètres de hauteur. Il l'avait dit innocemment, comme s'il n'avait même pas conscience qu'il évoquait là un acte trahissant les lois régies par le Chitsujo et, plus grave encore, que l'auteur de ces actes qu'ils considéraient comme abjects, faisait partie des leurs. « Il va vraiment falloir m'expliquer ce que vous reprochez à cette pratique ! Tout le monde ne cesse de m'en blâmer, sans même prendre la peine de vérifier leurs accusations. Le goût des démons ne m'est pas tant appréciable que ça ! Dans ma grande bonté d'âme, je suis plutôt de ceux qui se donnent. » 

Dans sa longue vie de démon, Lin s'en était déjà pris aux Ne du culte, mais cela était davantage de la curiosité que du pur sadisme. Il se souvenait avoir découpé de larges lamelles de chair, décollant toute la viande de l'os pour la faire cuire. Cependant, il avait toujours pris soin de ne jamais entièrement détacher la chair du corps, la laissant reliée à celui-ci afin de ne pas voir la viande se désagréger dans la main. En bref, c'était une véritable galère pour un goût parfaitement infect, mais les Ne n'étant que des esclaves, Lin savait leur trouver d'autres utilités. Ils étaient d'excellentes compagnie pour la nuit. 

Cela dit, ces événements étaient rares. Le Byakuren prenait davantage plaisir à tourmenter les pourfendeurs que les siens. Aux yeux de Lin, les Ne n'étaient qu'une solution de dernier recours, un plan B lorsque les événements s'étaient passés différemment de ce qu'il avait prévu. « Je te laisse le choix..Me suivre sagement pour être jugé..Ou bien te confronter à ma propre sentence par ton refus.. » Visiblement, ce démon était en plein rêve éveillé ! Il était parfaitement impensable de lui faire courber l'échine, particulièrement face au Chitsujo. 

Lin ne se soumettait qu'à Fuhen. Jamais encore, il n'avait été intimidé ou dicté par la peur et ce n'était pas prêt d'arriver. Il avait pleinement conscience que le démon lui faisant face partageait une puissance quasiment équivalente à celle de son maître, mais il en fallait plus que ça pour l'intimider. Après tout, s'il fallait mourir pour répandre la grandeur de son Dieu, ce n'était là qu'un maigre prix. « Je suis un disciple du Kokuren, de ce fait je ne me plie qu'à ses lois et d'après les préceptes du culte, je n'en ai transgressée aucune. Car je ne porte de l'intérêt qu'aux saintes paroles de mon Dieu. Vous, démons du Chitsujo, vous me dégoûtez avec votre morale et vos idéaux. Un démon se respectant un minimum ne s'enchaîne guère de principes. Vous êtes une blague plus que je ne pourrais jamais l'être ! » Venait-il de lui cracher à la gueule avec un large sourire, puis son regard se déposa sur une autre de ses œuvres. Il venait de faire le tour du temple, son attention étant davantage gagnée par les macchabées décorant les lieux. « Je suis conscient qu'en tant que conseiller du Chitsujo, vous avez des obligations. Tout comme j'en ai envers mein Herr, mais peut-être pourrions-nous envisager une troisième option ? » Il proposait en sachant pertinemment qu'il n'y avait jamais de troisième option avec ce clan de dégénérés. En réalité, il n'attendait qu'une chose : que Kurushimi l'envoie se faire foutre, révélant ainsi son véritable tempérament. 

By the Grace Of God

Kurushimi observait ce démon avec intérêt, mais celui ci ne semblait pas ressentir la même chose, à en juger son attitude désinvolte. Il tourna le dos au Conseiller, cherchant quelque chose d'autre pour se distraire, ce qui effectivement, agaça légèrement le démon au parapluie, qui toutefois restait toujours immobile. Avec le millénaire passé sur cette terre, le tatoué avait eut le temps d'apprendre à contrôler ses émotions, et indirectement, à rester lucide en toute circonstances, lui permettant de gérer un grand nombre de situations différentes, en fonction de son analyse des évènements. Notre dignitaire du Chitsujo s'était forgé cette attitude au cour de ses années en tant que Conseiller. Gardant toujours enfoui au fond de lui, inconsciemment, cette envie d'être utile, vestige de sa vie antérieur en tant que mortel, là où il ne pouvait exprimer sa véritable personnalité. De cette courte période naquit un ressentiment envers ses semblables, qui ne le comprenaient pas et le condamnaient pour ce qu'il était, le poussant par la suite à embrasser les ténèbres du monde de la nuit en devenant un mangeur d'hommes.

Ainsi, la vision de ce démon costumé entrain de justifier son carnage par une expression artistique de sa créativité, avec ce qui semblait être un réel sentiment de peine, atteignit l'adolescent incompris perdu dans les limbes de l'âme du démon au parapluie. Il était toujours là, quelque part dans le noir, recroquevillé sur lui même, prisonnier d'une entité féroce qui le gardait en ces lieux pour le protéger de la lumière au loin. Parfois, sa peine résonnait en Kurushimi lorsque quelque chose le ramenait à son existence révolue, mais la créature froide qu'il était devenu refusait catégoriquement de renouer avec ce qu'il considérait désormais comme une faiblesse. Toutefois, cela prit quand même légèrement forme, sous les traits d'une compréhension des mots de Lin. Sans pouvoir se l'expliquer, il n'eut pas spécialement envie de le punir pour ses paroles, car lui aussi avait le droit de croire qu'il avait raison, même quand il disait que c'était Kurushimi qui manquait plutôt de discipline.

Il y avait comme un soupçon d'accusation dans ses mots, mais le costumé demeurait calme lui aussi, donnant surtout l'impression de s'ennuyer, tout en s'amusant avec un oeil et des éclats de verres. Tellement nonchalant qu'il annonça avec une sincère indifférence, l'outrage qu'un gardien du Chitsujo avait eut l'outrecuidance de désirer, sans compter qu'il avait donc échoué à la tâche qu'il s'était vu confier. Il ne pouvait donc que laisser Lin parler, s'amusant de l'incohérence d'un tel affront aux préceptes de l'ordre auquel il appartenait. Pour le coup, il en voulu moins à son interlocuteur qu'à son subordonné de le mettre dans cette position, celle de celui qui avait tort. S'il avait été là avec eux, Kurushimi aurait transformé son corps en poussière pour le punir. Cependant ce n'était pas le cas, demeurant donc là, impassible, à supporter les railleries de celui qui insultait ouvertement le Chitsujo, le narguant avec ses propres idéaux, comparant leur affiliation en glorifiant le Kokuren.

Au moins avec tout ça, le Conseiller n'avait pas de doute sur les intentions de ce réfractaire, il n'allait certainement pas le suivre gentillement, même s'il s'en doutait un peu. Malgré tout, une réelle déception persista, celle de se rendre compte que la proie potentielle n'avait aucune envie d'en venir aux mains. Finissant par proposer au démon tatoué, la possibilité de penser à une autre façon de faire que la violence. Cette demande peina particulièrement le Conseiller, qui à l'intérieur, trépignait d'impatience à l'idée d'affronter Lin.

- Alors il n'y a donc rien à tirer de toi.. J'avais espoir que l'on puisse s'amuser un peu toi et moi.. Ton regard renferme les braises d'un grand pouvoir.. Je le sens.. Mais tu me prive de cela.. Lâchât-il en baissant légèrement la tête. Tu parle beaucoup.. J'ai du mal à suivre.. Mais il semble que toi aussi d'après ce que j'ai pu voir.. Crachant sur des principes en argumentant avec tes propres préceptes. Mais il y a une chose que tu semble avoir oublié.. Lançât-il en redressant son visage pour fixer à nouveau le démon costumé. Tout ça.. C'est bien ce que nous faisons.. C'est en cela que nous nous retrouvons tous.. Aucun camp n'est différent.. Tout ceci.. depuis des siècles et des siècles.. ne rime qu'à une seule chose.. Nous sommes tous dans une guerre perpétuelle qui ne trouvera son dénouement qu'en la disparition des autres factions.. Il ne s'agit de rien d'autre que la confrontation de nos idéaux.. Cela ne sert à rien de se plaindre en pestant sur le monde entier.. Il n'y a que toi..toi et toi seul..pour toujours et à jamais.. Si tu meurs..alors ce sont tes idéaux qui ont torts. Si tu survis..ce sont les tiens qui ont raisons.. Que tu décide de l'accepter ou pas au fond de toi.. cela ne changera rien..l'existence viendra d'elle même te mettre à l'preuve pour te ramener à la réalité.. Enchainât-il d'un ton moralisateur. Honnêtement..je meurs d'envie de te décapiter..mais apparemment je suis d'humeur aujourd'hui..Juste pour voir..dis moi à quelle genre d'option tu fais allusion..? Je suis curieux de savoir..

by the grace of god • FT. Kurushimi

« Alors il n'y a donc rien à tirer de toi.. J'avais espoir que l'on puisse s'amuser un peu toi et moi.. Ton regard renferme les braises d'un grand pouvoir.. Je le sens.. Mais tu me prive de cela. » Il parlait comme si cet œil d'émeraude lui appartenait. Ça le faisait penser à Miyuki qui s'était approprié son théâtre. Foutue garce... Intérieurement, le démon blanc grognait. Il en avait sa claque du Chitsujo, mais également de tous les autres démons ! Lui, il ne cherchait qu'à s'amuser, avoir de la compagnie et s'enivrer de ses élans artistiques. 

C'était tout ce qu'il souhaitait, mais personne n'avait l'air de vouloir lui foutre la paix. « Tu parle beaucoup.. J'ai du mal à suivre.. Mais il semble que toi aussi d'après ce que j'ai pu voir.. Crachant sur des principes en argumentant avec tes propres préceptes. Mais il y a une chose que tu semble avoir oublié.. » Kurushimi, en disant cela, venait de capter l'attention du démon blanc qui l'écoutait plus attentivement qu'avant. Une lueur de curiosité brillait dans son regard. 

«  Tout ça.. C'est bien ce que nous faisons.. C'est en cela que nous nous retrouvons tous.. Aucun camp n'est différent.. Tout ceci.. depuis des siècles et des siècles.. ne rime qu'à une seule chose.. Nous sommes tous dans une guerre perpétuelle qui ne trouvera son dénouement qu'en la disparition des autres factions.. Il ne s'agit de rien d'autre que la confrontation de nos idéaux.. Cela ne sert à rien de se plaindre en pestant sur le monde entier.. Il n'y a que toi..toi et toi seul..pour toujours et à jamais.. Si tu meurs..alors ce sont tes idéaux qui ont torts. Si tu survis..ce sont les tiens qui ont raisons.. Que tu décide de l'accepter ou pas au fond de toi.. cela ne changera rien..l'existence viendra d'elle même te mettre à l'preuve pour te ramener à la réalité.. » 

Le Byakuren ne partageait guère cette vision, ce n'étaient pas les idéaux qui nous gardaient en vie. Si cela était réellement le cas, alors il n'y aurait qu'une seule et unique façon de penser en ce monde. Pourtant, ce n'était pas le cas. Il suffisait d'écouter ce qu'il se disait en rue ou dans les salons littéraires. Qu'est-ce que ça pouvait lui manquer ! Lorsqu'il avait voyagé en Europe avec Fuhen et Rensei, Lin en était tombé amoureux. Le simple fait d'y penser réveillait les émotions qui l'avaient autrefois submergé lorsqu'il y était convié. Ces souvenirs firent briller son regard d'une ardente passion, dévorante. 

L'émerveillement se lisait dans ses beaux yeux, perdus sur les hauteurs du temple. Parce qu'il ne prenait pas la peine de regarder l'autre démon, préférant admirer les moulures du plafond. S'il se comportait ainsi, ce n'était pas par souhait d'impolitesse, il voulait simplement éviter de déclencher Cursed Eye. De ce fait, les quelques fois où Lin regardait le démon dans les yeux ne duraient jamais longtemps. « Honnêtement..je meurs d'envie de te décapiter..mais apparemment je suis d'humeur aujourd'hui..Juste pour voir..dis moi à quelle genre d'option tu fais allusion..? Je suis curieux de savoir.. » Le démon blanc fut pris de court. Qu'est-ce qu'il en savait lui ?! Il n'avait pas réfléchi à une troisième option ! 

Lin serra les dents, réfléchissant aux paroles qu'il allait prononcer. Après une rapide réflexion, il comprit qu'il fallait gagner du temps. « S'il faut que le trouve un compromis, j'ai besoin de comprendre pourquoi j'ai attiré les foudres du Chitsujo. Vous cherchez à me châtier de choses que je n'ai jamais commises après tout. » Lin était ouvert aux propositions, mais il espérait qu'il en soit de même pour Kurushimi. Finalement, il n'espérait qu'une seule chose venant de ce démon, qu'il soit ouvert au dialogue. S'il pouvait éviter de combattre, il n'allait pas s'en plaindre. Lin était même prêt à faire certaines concessions ! 

Il se souvenait du combat qu'il avait eu avec Rensei contre cet infâme gardien. Malgré le fait qu'ils étaient deux, ça n'avait pas été simple d'en venir à bout. Il se souvenait de tout ce sang perdu, le recouvrant de la tête au pied, des larmes coulant sur les joues de Rensei. Sein Liebling, il l'aimait plus que tout en ce monde, il ne pouvait risquer sa vie inutilement. S'il mourait, il risquait de l'entraîner dans sa chute et il en était hors de question. S'il se montrait aussi pacifique, c'était uniquement pour Rensei. Parce que Lin n'en avait que faire de sa vie. Il ne se jugeait guère important en ce monde, tout l'important étant Fuhen. Lui et lui seul. 

« Concernant mon œil, j'imagine que oui, on peut dire qu'il est puissant. Cependant, me concernant, je risquerais fort de vous décevoir. Je ne suis que la voix de Fuhen, mon travail consiste à éveiller les consciences sur l'unique chemin à suivre, celui de mein Herr. » Lorsqu'il l'évoquait, ses yeux brillaient d'une intense lueur d'admiration, laissant deviner tout le respect qu'il avait pour son seigneur. « Au sein du culte Kokuren, j'adopte davantage la position de diplomate que celle de combattant. » Peut-être était-ce risqué de lâcher de telles informations à un démon venant d'évoquer un ardent désir de le décapiter, mais qu'importait. Lin ne voyait guère les choses ainsi parce que s'il y avait un combat, Kurushimi allait très rapidement s'en rendre compte. « Je dirais même que je suis exécrable dans ce domaine ! D'où mon avertissement en me qualifiant d'ennuyeux démon. » En hochant la tête sur le côté, le démon blanc continua avec un fin sourire cynique.

« En plus de faire un piètre partenaire de jeu, croyez-moi. » Par ces paroles, Lin essayait de le dépiter. Il ne voulait pas être surestimé, préférant encore gagner son mépris. Il ne voulait pas non plus être pris pour une menace, mais seulement pour ce qu'il était, un artiste. Peut-être que le Byakuren pouvait essayer de lui faire passer l'envie de lui arracher la tête ? C'était peut-être faisable. En regardant Kurushimi, il doutait que cet être soi animé de sentiments ou d'émotions. Ça risquait d'être compliqué, mais si c'était réellement le cas, cela signifiait aussi que ce n'était pas impossible !