L'aube se lève lentement sur la forêt, révélant un paysage verdoyant sous les rayons orangé de l'aube. Les arbres se tiennent silencieusement, leurs branches ployées sous le poids de la nuit passée. Je m'aventure plus profondément dans la forêt, des perles de transpiration aparaissant dans le bas de mon dos.

Mon but est clair : trouver les plantes médicinales dont j'ai besoin pour préparer les remèdes au temple. Les été sont impitoyables, et la nécessité de stocker des herbes médicinales devient plus pressante que jamais... Surtout avec la guerre.

Alors que je me baisse pour inspecter le sol en quête de signes de vie végétale, un bruit soudain me fait sursauter. Mes sens s'aiguisent instantanément, et mes yeux scrutent la forêt environnante. C'est comme si la nature elle-même retenait son souffle.

Je m'approche doucement d'un arbre dont le tronc porte des marques inquiétantes. Des éclaboussures de sang contrastent fortement avec l'herbe verte de l'environnement. Des branches déchirées gisent autour, témoins silencieux d'un affrontement récent.

Mon cœur bat un peu plus fort. Des traces de lutte et des empreintes de sang sur le sentier me guident vers l'endroit d'où provient le bruit. Les arbres dévoilent une clairière où l'herbe est fouettée par le vent, comme si elle portait le récit silencieux de la confrontation qui a eu lieu ici.

Alors que j'atteins l'orée de la clairière, mes yeux s'ouvrent grand devant la scène qui se dévoile. Des branches brisées, des empreintes de pas chaotiques, et du sang. Beaucoup de sang. Mon regard suit les traces jusqu'à un arbre derrière lequel quelque chose semble se dissimuler.

Mon instinct de guérisseuse se mêle à ma curiosité. Les branches de l'arbre tremblent légèrement, trahissant la présence de quelque chose. Je m'approche prudemment, mes doigts glissant doucement sur l'écorce encore chaude. Là, derrière l'arbre, une personne gît, blessée.

C'est un jeune homme, ses flancs portent les stigmates de la lutte. Mon cœur se serre devant sa vulnérabilité. Les yeux de l'homme aux cheveux roux sont bas, il porte à la main un sabre en acier du soleil… un pourfendeur ?

Je m'agenouille à ses côtés, ma main frôlant délicatement son épaule. Mes connaissances en médecine entrent instinctivement en action, et je sais que je dois agir rapidement pour le sauver.

Malheureusement, je n’avais pas mon matériel de médecine pour soigner les blessures de cette créature agonisante… Je devais l’emmener au temple abandonné que j’occupais pour l’instant.

C'est dans ces moments, au cœur de la nature sauvage, que ma dualité de guérisseuse et de protectrice de la vie s'épanouit. La forêt, bien qu'elle soit parfois le théâtre de tragédies, abrite aussi une beauté fragile et des êtres qui méritent d'être soignés et protégés.

D'un geste délicat, je tends ma main vers lui, mes doigts effleurant son bras.

-« Venez, laissez-moi vous aider… »

Murmure-je d'une voix douce et rassurante. Mes prunelles expriment une détermination empreinte de bienveillance.
Je tire délicatement son bras sur mon épaule pour l'épauler. Chacun de ses pas semble une épreuve, mais il persiste. Le temple est visible, solide et accueillant, se dresse devant nous comme un refuge.
À chaque pas, je le rassure.

-« Je vais vous soigner... Tenez bon. »

Mes mots portent la promesse d'une guérison imminente, d'un apaisement à venir. La foi dans mes compétences de guérisseuse et la volonté de soulager sa souffrance m'animent.

Je me retrouve soudainement projetée à terre, surprise par la réaction brusque de l'homme.
La crainte l'électrise, ses sens en alerte maximale. Dans un mouvement rapide et désespéré, il dégage brusquement son bras, me faisant chuter à côté de lui.
La froideur du sol s'infiltre à travers mon kimono, mais je reste concentrée sur la situation… Mais je ne réagit pas assez vite.

L'inconnu, animé par une peur instinctive, avait ouvert ses yeux d'un coup, révélant une lueur sauvage qui est effrayante, trahissant la folie qui l’habitait.

Dans un geste fluide, il place le fil de son épée sous ma gorge nue. La lame abîmée, déjà imprégnée du combat précédent, exerce une pression supplémentaire, faisant perler le sang sur ma peau pâle.
Mon regard, mélange d'étonnement et d'exaspération, rencontre celui de l'homme, dont l'expression meurtrière contraste avec la souffrance que trahissent ses blessures.

La seconde semble s'étirer à l'infini, suspendue entre la menace et la réalité brutale.

Etonnement, je garde mon calme, bien que la pression contre ma gorge devienne de plus en plus intense et douloureuse. Je sens le goût métallique du sang s’infiltrer dans ma bouche, mais je refuse de détourner le regard de celui du pourfendeur fou… Puis, je lui crache dessus.

-« Vas-y, tue-moi… Tu en meurs d’envie pas vrai ? Sous-race de bandit. »

Ma détermination m'empêche de fléchir, même face à cette situation périlleuse, je crèverais en restant digne… Au diable les supplications et la peur, cela ne me sauvera pas… J’accepte mon sort.

Soudain, dans un frémissement de faiblesse, l'homme bascule, son corps luttant contre la douleur. La lame abandonne son emprise sur mon cou meurtri, libérant une respiration que je n'avais pas réalisé retenir après ma rebeliion.

Puis, mon agresseur s’écroule lourdement sur moi, qui me retrouve momentanément écrasée et engourdie sous son poids.
Les émotions se mêlent dans mon cœur et mon esprit. L'étonnement persiste, mais il est désormais teinté d'une lueur d'empathie.

Je dégage le brigand à la lame solaire sur le côté et je me redresse, époussetant mon kimono blanc et ma longue jupe rouge désormais salie par le sol forestier.

-« Bravo tocard… Je vais devoir nettoyer à nouveau ma tenue… »

Malgré mes ressentiments, je ressens la souffrance de l'homme, une souffrance qui transcende la menace qu'il représentait quelques instants plus tôt. Malgré l'éclat meurtrier dans ses yeux, il est devenu vulnérable… Simplement humain.

Bien que surprise par cette tournure inattendue, je garde mon sang-froid.
Je récupère l’arme de ce sauvage et le débarrasse de son fourreau pour l’attacher à ma ceinture. Ensuite, malgré son poids , je le traîne avec détermination à travers la forêt s’éveillant sous les rayons du soleil.

Après quelques minutes à trainer ce beta, j’apperçois enfin la pagode de mon domicile de fortune. Dissimulé entre les arbres, loin des regards indiscrets. Le lieu exhale une atmosphère de mystère, avec des sculptures anciennes et des reliefs décrépits.

Le temple, bien que modeste, porte les marques du temps. Des statuettes décrépites veillent silencieusement dans les coins du batiment, témoins d'un passé paisible révolu.

Arrivant devant l’édifice abandonné, je pousse doucement la porte vermoulue, des rayons de lumière filtrent à travers des interstices dans les murs, créant des jeux d'ombres et de lumière, révélant les fines particules de poussière flottant dans les rayons timides du soleil levant.

L'intérieur dévoile un mélange de sérénité et d'abandon, des icônes religieuses côtoyant des livres anciens poussiéreux ainsi que mes ouvrages de recherches et ma table d’expérience. Derrière, une étagère empli de bocaux contenant des herbes et divers ustensiles médicaux.

Non sans mal, je dépose l'homme inconscient sur un lit rudimentaire au centre du temple, recouvert d'un drap usé. Autour, des étagères abritaient des herbes médicinales, des fioles et des instruments de guérison. Le sol en bois craquait doucement sous mes pas.

Se concentrant sur ma tâche, je commence à déshabiller l'inconnu enragé, révélant les marques des affrontements qu'il avait endurés. Ses vêtements froissés et déchirés gisaient sur le sol.
Après m’être lave les mains, j’examinais chaque plaie avec une précision méthodique avant de me lancer dans mon art.

Après avoir nettoyé ses blessures avec de l’alcool bouilli, j’ai alors recousus ses plaies avant de les tartiner de beaumes cicatrisants.
Puis, j’enroule tout cela avec des bandages avec une expertise acquise au fil de nombreuses expériences similaires.
Malgré mes ressentiments, mes gestes étaient empreints de douceur, soulignant le contraste entre la violence du monde extérieur et la quiétude du mon petit temple.

N’étant pas folle, j’ai solidement attaché les poignets et les pieds du blessé à son lit avant que je m’installe derrière mon bureau de fortune afin de surveiller sa guérison.

Bien sûr, son arme était à côté de moi tout comme mon chat noir adoré, qui dort paisiblement… Pas question de lui laisser son katana.... D'ailleurs, je vais désinfecter ma plaie le temps qu'il se réveille.

Cela fait un mal de chien... Je le déteste déjà ce rouquin.