Anciennement, les attaques de village dont la participation active de Suzune lui valut d’apprendre à connaître son corps, ses facultés propres au démon lui apprirent également qu’il semblait fort mieux d’agir de nuit et en groupe. Seule, Suzune demeurait seule. Elle rejoignit bien une grande famille dans l’espoir de briser cette vie solitaire qu’elle menait depuis la disparition du groupe de ses mentors. Étaient-ils encore en vie, quelque part ? Pour autant que ces questions lui trottaient à l’esprit elle se refusait de les chercher, elle avait prêté allégeance à la famille Kinshikai. Elle protègerait à la fois, son Suzune intérieur, à la fois chaque membre de ce groupe. Elle se souvenait de se méfier des humains solitaires, s’ils se promènent seul en pleine nuit ce ne serait seulement parce qu’il avait assez de puissance pour faire face à une démone comme elle. Ce n’était pas la peur qui l’avait forcé à se terrer en forêt mais la méfiance. À présent, Suzune criait, elle avait faim, cette voix intérieure hurlait famine, l’amour maternelle de cette démone se promit de le nourrir.
Le soleil se terrait également, la jeune démone ne ressentait pas même les rayons lunaires à travers les feuillages de la forêt. Une obscurité certaine l’entourait. Elle s’inquiétait : est-ce que l’enfant de son ventre pouvait mourir de sous-nutrition ? Probablement pas, il était sans aucun doute mort depuis sa transformation. Suzune observait les alentours, prêta l’oreille, les animaux de la forêt s’activaient, enfin, devait être actif depuis bien avant sa subite soif. Chasser un animal devrait apaiser sa faim quelques heures, le temps de trouver une proie encore plus rafraîchissante. Elle ne bougeait plus.
- Patience Suzune, je vais te nourrir ne t’en fais pas. Dit-elle, tout en caressant affectueusement son ventre plein. Je vais te laisser sortir, juste un peu, il faut garder des forces.
Un bruissement résonna à son oreille, tout près d’elle une horde de sanglier semblaient se déplacer tout en effrayant quelques cervidés qui les avoisinaient. Suzune se retourna brusquement en direction du bruit puis se stoppa net de-nouveau.
- Un cerf ou un sanglier, mon bébé, que préfères tu ? Un être humain serait plus nourrissant pour toi n’est-ce pas ? Excuse-moi, mon amour. Murmurait-elle, pleine d’empathie pour son appendice ventrale.
La jeune femme observait la troupe des animaux se retirer progressivement, et, d’un coup se mit à leur poursuite. Le retardataire se fit attraper par une main sortie tout droit de la chaire ventrale de Suzune, il se débattait. Deux autres sangliers se retournèrent sous des grognements caverneux. La jeune femme grimaça. Pouvait-elle se battre contre plusieurs sangliers à la fois ? Tandis que le corps de Suzune écrasa sa première proie, la main sortait de plus en plus, jusqu’aux épaules, rapidement, telle une sœur siamoise, un buste et une tête jumelle sorti, les crocs bien décidés à croquer l’un des sangliers assaillants. Le deuxième dérouté, s’enfuit immédiatement. La bouche siamoise arracha d’un coup net la carotide de l’animal. La scène pouvait sembler bien carnassière. Deux Suzune dans le même corps semblaient dévorer les deux cadavres. Le doublon se dématérialisa presque immédiatement et Suzune dévora son repas. Lorsqu’elle fut presque rassasié, un nouveau bruit et une odeur interrompirent ce festin.
- Une nouvelle proie ? Un humain ? Suzune ! Elle ne pouvait s’empêcher de témoigner son excitation à l’enfant terrer dans son ventre.
Toute la nuit durant, la jeune démone découvrait les territoires de la famille, il n'y avait sans doutes nul ennemi à proximité, elle ne se méfia pas, la tentation du sang l'envoutait, le besoin de satisfaire son bébé surpassait chaque chose. Elle tendait l'oreille, prête à débusquer la source de cette manifestante senteur et de ce son qui l'attirait.